Rapport d'échanges sur des propos qui dérangent...

Bonjour à Tous,

La semaine dernière, le 20/05/08, j’ai reçu un appel de Mr Barcelona, gérant de la société Hekla, qui a lancé le concept Toupie or not Toupie, dont je parle dans l’article : « Point de vue : Le vin et les 20-30 ans »
 

Dans cet article, je dénonce ces créateurs de concepts marketing, qui ont pour but soi-disant d’initier les jeunes au vin.

Leurs produits ont 4 choses en commun :

1) Leurs packagings sont innovants par rapport au monde du vin traditionnel.

2) Leur contenu est plus facile à consommer, plus accessible à tous. (Ce sont leurs arguments de ventes)

3) Leur démarche est de toucher les nouveaux consommateurs, la nouvelle génération, donc ceux qui ne consomment pas encore du vin.

4) Ils sont tous nés pour répondre à un besoin, c’est ainsi qu’ils s’en défendent.

 

Toujours est-il que Mr Barcelona est tombé sur mon article, et que cela ne lui a pas plu.

Il tenait à m’expliquer que pour écrire un tel article, je n’avais pas gouté ses vins, et que ses vins étaient produits « dans les règles de l’art » et qu’ils étaient « de qualité ».

 

Dans cet article, je ne juge pas de la qualité de ces produits, et il est exact que je n’ai pas gouté tous les produits dont je fais la critique.

Le fond de cet article met l’accent sur la démarche concept marketing de consommation, dont notre société est abreuvée du matin au soir pour tout et qui peut avoir de graves conséquences pour nos jeunes.


Parce que s’il y a bien une cible qui est influençable, ce sont nos jeunes, qui par manque d’expériences et de conscience, tombent facilement dans tous les pièges que la consommation propose de nos jours.

Nous sommes nombreux à entendre aux informations que des mineurs consomment de l’alcool de manière inconsidérée, que les étudiants participent à des beuveries chaque week-end et ainsi de suite…

Cet état de fait pose deux problèmes : celui de l’alcoolisme des jeunes et celui de l’alcool au volant.

Aujourd’hui déjà, sans propositions trop alléchantes, les jeunes sont naturellement attirés par l’alcool, et voilà que certains trouvant cette cible très intéressante, se disent que les initier au vin via Les Clubbing, à partir de 18 ans (et encore je m’entends à 15 ans j’allai déjà en boite de nuit, et j’avais accès à tous les alcools) est une réponse à leurs besoins.

Les jeunes de 18 ans ne demandent pas ces produits, ce qu’ils demandent éventuellement c’est d’apprendre et de comprendre le vin, et ces produits leurs répondent : mais buvez, c’est facile à boire, c’est accessible à tous et il n’y a rien à apprendre ni à comprendre, le vin aujourd’hui c’est ça !

 

Et bien je regrette mais je trouve cette démarche scandaleuse à cause du message qu'elle transmet !

 

Je vais vous dire, lorsque les vins technologiques/standardisés sont nés, les vignerons qui n’assumaient pas de faire des vins uniformes prêts à boire plus tôt, disaient nous répondons à la demande des consommateurs. Alors que les distributeurs refusaient de distribuer, de commercialiser des vins produits pour la garde, de manière plus traditionnelle. Quand les distributeurs refusent de vous prendre votre vin parce qu’il faut l’attendre, et que vous devez travailler et nourrir votre famille, je peux vous assurer que le vigneron s’est dit, si pour vendre je dois faire d’autres vins et bien je le ferai… Les vins technologiques sont nés de là, ils ne sont pas nés parce que les consommateurs les souhaitent, ils sont nés parce que cela arrangeait les distributeurs d’avoir des vins plus accessibles plus tôt. Sans oublier l'évolution de l'oenologie dont nos grands parents ne bénéficiaient pas.

 

Aujourd’hui les produits qui sont conçus pour initier les jeunes, ne sont que le prolongement des vins technologiques, ce sont les mêmes vins standardisés, sauf qu’ils ont le packaging modern en plus et que la nouvelle cible sont les jeunes, puisque les précédents vins technologiques s’adressaient aux consommateurs de vins.

 

Bref, j’ai écouté attentivement Mr Barcelona, j’ai essayé de lui faire comprendre que l’important n’est pas la forme (soit la qualité du vin proprement dit), mais le fond soit l’intention de sa démarche que je dénonçais et je ne sais pas, si lui m’a entendu.

La conclusion de notre conversation était qu’il m’envoit ses vins afin que je puisse les gouter et lui faire un nouvel article à ce propos.

La semaine s’est écoulée et je n’ai pas de ses nouvelles… Si malgré tout je recevais ses vins je me ferai un plaisir de vous tenir au courant.

 

Qu’est ce qui m'a fait réagir à nouveau sur ce sujet, déjà d’une je souhaitais répondre au commentaire de Stéphane Boutiton, qui est le sommelier qui fait les assemblages pour Toupie vin, donc pour Mr Barcelona.

 

Ensuite, parce que je suis tombée sur un nouveau produit qui rentre dans cette lignée, qui s’appelle Happy Wines, créé par Eric Remuson, pour en savoir plus, cliquez, pour visionner la vidéo de promotion, cliquez

 
Ci-dessous le commentaire laissé par Stéphane Boutiton sur le blog auquel je vais répondre :

 

"Bonjour Emilie, Je viens de lire votre article sur "le vin et les 20-30 ans, où je vous trouve un peu catégorique. En effet la quasi totalité des" jeunes " que je rencontre sont trés friand de cours simples et ludiques sur le vin.Je vous rappel que si le goût du vin a changé,c'est parceque les consomateurs ne sont plus en harmonie avec les "anciens" goûts,qui pour la pluspart (les goûts) été des erreurs de vinification, que l'on faisait passer pour le fameux "goût de terroir".

En ce qui concerne votre phrase"ça ressemble à tous sauf à du vin" manifestement vous n'avez pas goûté les vins "toupie"; (et apparemment je ne les gouterais pas)  ils viennent tous de propriétaires récoltants,la mise est faite au château ou au domaine,les assemblages sont faits par mes soins avec passion,et une grande humulité, qui est indispensable lorsque l'on est face au vin. Pour terminer je souhaiterai avoir votre definition du "connaisseur"? Le vin, tel que vous en parlez, est il reservé à une "élite" qui sait ? Pour ma part, un connaisseur doit tout goûter sans préjuger et ne pas imposer son avis,sinon, à ce moment précis, il standardise le vin... Cordialement, Stéphane Boutiton."

 

J’ai été choquée de lire ces propos en me disant que cette personne était sommelier.

 

Sachez Mesdames, Messieurs que le goût est composé des 4 saveurs fondamentales qui sont le sucré, le salé, l’amer et l’acide, manifestement il ne doit pas être au courant puisqu’il nous parle « d’anciens goûts » et de « goût de terroirs » Je passe une annonce si quelqu’un sait ce que sont « ces goûts » dîtes le moi j’aimerai apprendre et comprendre ce dont ce monsieur parle. Cela paraît évident, mais ce monsieur parle du goût du vin comme s’il n’y en avait qu’un, bien heureusement cela n’a jamais été le cas, le vin c’est un domaine vaste et diverse, et s’il y a bien une chose qui m’inquiète c’est que nos vins se ressemblent de plus en plus les uns les autres aujourd’hui mais pas ceux d’hier…

Ensuite, dire aux gens qui aiment des vins plus traditionnels, qu’ils aiment des vins qui ne sont que des erreurs de fabrication des vignerons, c’est porter un jugement plus que catégorique, il me semble.

Moi quand je goute un vin qui fait le double de mon âge et qui me fait vivre une expérience inoubliable et incomparable, et bien des erreurs de vinification comme ça j’en veux bien encore chaque jour qui passe, parce que c’est un vrai bonheur !

 

Pour répondre à la notion de connaisseurs, je ne sais pas ce qu’est un connaisseur, ce que je sais c’est que certain de mes clients se disent « amateur » ou connaisseur » et que ceux là ne sont pas la cible de Toupie vin, puisque ce sont des gens qui sont déjà consommateurs de vins, qui sont donc déjà initiés et ce n’est pas à ceux là qu’ils s’adressent puisque sur leur site il disent que leur produits sont conçus pour les nouveaux consommateurs donc à ceux qui ne sont pas encore initiés.


Le vin ne s'adresse pas à une élite, il existe déjà des consommateurs de vins, qui consomment sans chercher à apprendre et à comprendre, ils se font plaisir, ils consomment ce qu'ils ont envie comme ils en ont envie et personne vient leur dire qu'ils ont tort. Il y a également des consommateurs qui ont une démarche d'approfondissement vers le vin, et ceux là je leur dis que sans apprendre, sans comprendre, sans s'entraîner, s'en avoir d'expérience, sans observer, sans écouter, sans échanger, à ceux là je dis que le vin demande du travail pour le rencontrer vraiment.

Ce qui m'énerve ce sont les gens qui veulent tout savoir sans effort et bien c'est utopique, ça l'est avec le vin mais ça l'est pour tout, on ne peut rien savoir sans apprendre et si l'on ne fait pas ce qu'il faut pour apprendre et bien dans ce cas il faut arrêter de crier partout qu'on s'interesse au vin et qu'on sait et qu'on est "connaisseur".  Voilà ce que je défends et ce que je dis.
Alors peut être est cela être élitiste, moi je me dirai plutôt réaliste, le vin c'est complexe si on souhaite comprendre, si le besoin est autre, la question ne se pose plus, je trouve plus intelligent de décomplexer les gens que de décomplexer le vin.
Et aujourd'hui c'est cela, au lieu d'expliquer aux gens pour qu'ils comprennent, on demande aux producteurs des vins moins complexes, qui soulèvent moins de questions auxquelles on n'a pas forcément les réponses...


Avoir une démarche pourquoi pas, mais il faut pouvoir l’assumer en pleine conscience et c’est cette partie la plus difficile, qui n’est pas donnée à tout le monde manifestement !



Bon week end à Tous et soyez conscient ! 

 

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F
Bonjour,<br /> Bien que n'ayant personnellement jamais eu l'occasion de gouter les vins dont vous parlez, je vois fleurir de plus en plus de vins "marketing", sans compter les "boissons "à base de vin". Je comprend tout à fait votre point de vue, et à bien des egards, je les approuve. Aujourd'hui, notre jeunesse est particulièrement sensible à ce type de vin pour une raison simple: notre société est entrée dans l'ère du "tout, tout de suite, et sans effort"... le vin est un produit complexe qui ne "colle" pas à cette définition, malheureusement. La question fondamentale à mon sens est la suivante: faut il "laisser" ces jeunes aux grands groupes producteurs d'alcools forts, ou tenter de les seduire au risque de dénaturer ce qu'est réellement le vin? Bien sûr, il serait mieux de leur offrir un accès au monde du vin (le "vrai"), mais les cours de dégustation sont hors de prix... <br /> Je suis donc assez partagé...
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